TOUT SAVOIR SUR LE PAGNE AFRICAIN

Imprimés, motifs, couleurs. Ce sont quelques-unes des choses qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on pense à la mode africaine. Pourtant, au fil des ans, nous avons assisté à l’évolution des styles en Afrique.

Du Damas à la dentelle, de l’Adire Eleko au Kente, chaque tissu est porté d’une manière spécifique et raconte une légende. Un récit de fierté, de traditions et surtout d’histoire profondément ancrée.

Découvrons tout ce qu’il faut savoir sur le pagne africain, ses origines et ses motifs. Passons ensuite en revue son procédé de fabrication. Enfin, voyons comment le porter et avec quoi l’associer.

Quelle est l’origine du pagne ?

Il est commun de trouver d’anciennes photos représentant des Africains nus, se promenant sans aucun vêtement. Cela semble tout à fait contradictoire avec la date d’installation des plus anciennes entreprises textiles néerlandaises en Afrique dès 1846. Comment des photos des années 1800 et du début des années 1900 ont-elles pu montrer uniquement des Africains nus ?

Histoire du textile en Afrique

Pour commencer, avant l’arrivée du tissu hollandais, l’Afrique disposait d’une industrie textile très riche. Preuve en est que dans les années 1300, toute la délégation de l’empereur malien Kankan Moussa était vêtue de coton tissé avec des fils d’or. La tradition vestimentaire de Kanembu remonte même aux années 800. 🤴🏿

Il est donc trompeur de croire que le wax hollandais est le seul tissu porté par les Africains. Par exemple, le Bogolan est issu d’une longue tradition de tisserands au Mali, à l’image du tissu Kente au Ghana.

L’industrie textile africaine est très ancienne et remonte à 5 000 ans avant Jésus-Christ, lorsque les Égyptiens ont commencé à cultiver le lin et à le tisser. Le métier à tisser existait déjà à cette époque comme en témoigne une poterie retrouvée à Badari en Égypte. De plus, les pyramides, les sculptures et les hiéroglyphes montrent clairement tous les Égyptiens vêtus.

Les Nubiens avaient eux-aussi une industrie textile florissante, comme en témoignent les images des pyramides de Meroë, et celles de la grande reine Amanishakheto, ainsi que celles du pharaon Piye.

Plus tard, alors que plusieurs civilisations se sont développées en Afrique, le coton est devenu une fibre couramment utilisée pour la fabrication des tissus. L’explorateur Ibn Battûta mentionne la présence de tisserands au Mali et à Tombouctou dans les années 1300. Avec l’introduction de l’islam en Afrique de l’Ouest, beaucoup ont commencé à porter la version actuelle du boubou.

Naissance du tissu wax

Le pagne africain, rendu populaire par les pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Nigéria et le Ghana, n’est originaire d’aucun de ces pays. Aux origines, ce tissu a en fait été créé en Indonésie. Les Indonésiens ont commencé à fabriquer du batik il y a plus de mille ans. Les esclaves et les mercenaires recrutés en Afrique de l’Ouest pour faire partie de l’armée indonésienne ont pris goût à ce tissu et sont retournés avec dans leur pays.

Cependant, les étoffes fabriquées en Indonésie et en Europe n’ont pas été adoptées telles quelles par la population. Les femmes africaines avaient appris à fabriquer leur propre tissu africain, d’une meilleure qualité que les textiles importés. C’est donc en Afrique de l’Ouest que ce sont logiquement installées les manufactures néerlandaises. Cette découverte du savoir-faire local a ensuite donné naissance au tissu wax.

Initialement adoptée et popularisée par les pays d’Afrique occidentale, cette étoffe a depuis été reprise par de grandes enseignes de la mode, telles que Burberry. Aujourd’hui, nous retrouvons le pagne africain partout. Il peut être porté tous les jours en tenue décontractée, sous forme de boubou par exemple.

On le retrouve aussi lors des mariages pour identifier les amis des mariés. Lors des anniversaires, le wax permet d’identifier la famille et les amis de la personne fêtée. Enfin, certains l’utilisent même lors des funérailles pour célébrer les défunts.